Le piège de la recherche, texte de Suyin LAMOUR, site Pure conscience

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«Le degré de spiritualité n'a rien à voir avec ce en quoi vous croyez,  mais tout à voir avec votre état de conscience.»   Eckhart TOLLE 

 
Le piège de la recherche
                                             

    Le texte ci-dessous est extrait du site officiel de Suyin LAMOUR                                                                     

    ( Extrait du livre Témoignages contemporains sur l'éveil, collectif d'auteurs, éditions Espace de l'Etre )
 
   « C'était fin février, alors que je faisais un bilan de ces 13 années depuis l'illumination, et que je constatais qu'au fond, rien n'avait vraiment bougé. Même si ma vie était beaucoup plus agréable et confortable qu'avant, j'étais toujours prise dans le piège de l'identification. Ma joie dépendait toujours des circonstances extérieures, des situations, des relations... Je ne vivais toujours pas mon état naturel et je n'étais toujours pas établie dans la véritable sécurité intérieure, celle que rien ne peut ébranler. Ma conscience était encore prisonnière du piège de la dualité, et j'en éprouvais un grand découragement et une lassitude profonde. Je n'en pouvais plus de lutter contre l'ego et le mental. J'atteignais un état critique et je ressentais l'envie de tout arrêter, de quitter ce monde pour retourner au Grand Tout. Mais au fond je ne voulais pas mourir, c'était tout l'inverse : je voulais être libre de l'illusion qui me coupait de la vraie vie. 
 
   Pour la première fois peut-être, je ne cherchai pas à fuir ce sentiment et je pris conscience de ma complète impuissante : je n'avais aucun pouvoir, aucun moyen de me libérer. Je réalisai que je ne décidai absolument rien de ce qui me traversait : ni les pensées, ni les émotions, ni les humeurs, ni les états. Les états de plénitude se produisaient et disparaissaient à leur bon gré, quoique je fasse ou ne fasse pas... Devant cette évidence, je m'effondrai. La volonté personnelle capitula, le contrôle lâcha, et... le « je » s'effondra. 
 
   Instantanément il fut réalisé que ce « je » supposé avoir un contrôle ou ne pas en avoir, et surtout supposé s'éveiller, n'existait tout simplement pas. C'était un personnage imaginaire. Il n'y avait personne aux commandes de sa vie, au centre de l'organisme. Et il n'y en avait jamais eu. Il n'y avait donc personne qui aurait pu s'éveiller ou se libérer. Il n'y avait que des mécanismes conditionnés qui généraient des pensées et des émotions donnant l'impression d'un personnage central. La seule chose qui était réelle, c'était le fait d'être. Et il n'y avait là rien de personnel. Seulement un flux, une omni-Présence consciente, un vide infini rempli d'êtreté au sein duquel les phénomènes apparaissaient et disparaissaient... 
 
   Je compris que depuis 13 ans, j'étais tombée dans le piège du chercheur et de la saisie sur l'éveil. Je me vivais comme si j'étais un individu (l'ego) qui s'était éveillé et qui cherchait à retrouver cet éveil en s'abandonnant, en se dissolvant. Mais aucun individu ne s'était jamais éveillé ! Comment un personnage qui n'existe pas pourrait-il disparaître ? C'est la croyance que l'on est ce personnage qui se dissout, et non le personnage lui-même. Nous n'avons pas besoin de tuer le Père Noël pour cesser d'y croire - et c'est d'ailleurs impossible - mais simplement de réaliser qu'il n'existe pas. 
 
   Ce que j'avais tant cherché pendant ces années avait toujours été là. Je n'avais jamais été séparée de ma véritable nature ! Il n'y avait pas à opposer l'ego et la Conscience. L'ego, le moi, c'est la Conscience qui se prend temporairement pour une entité distincte et s'absorbe dans le rêve de la dualité. Je compris que c'était la recherche elle-même qui m'avait empêchée de réaliser ma nature véritable car je vivais dans l'attente d'un état à atteindre, au lieu de simplement mettre mon attention sur ce qui pré-existe à tout état et qui est déjà là, disponible en permanence. »